Recherche UX : Quanti vs. Quali

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Axe primordial d’une démarche centrée utilisateur, la recherche utilisateur ne consiste pas à questionner 3 personnes de façon aléatoire. Il s’agit d’une démarche bien plus sérieuse et encadrée, souvent sous-estimée par ceux qui ambitionnent de la mettre en œuvre.

Un point de départ incontournable

Ce sont les utilisateurs qui feront le succès de votre interface. Encore faut-il que cette dernière soit conçue en adéquation avec leurs besoins et leurs attentes.

La réussite d’un projet est donc inhérente à la compréhension des utilisateurs finaux.

Les équipes disposent souvent, en début de projet, d’informations sur les cibles mais ces dernières manquent parfois de précisions et n’ont pas toujours été éprouvées à une réalité terrain.

Un travail de recherche efficace permet d’éviter de s’enfermer dans des hypothèses ou convictions erronées et d’avoir une compréhension fine du profil des utilisateurs ciblés et de leur contexte d’usage.

Mais quelle forme prend alors ce travail de recherche ?

Quanti vs quali : des objectifs différents

Avant de définir la forme que prendra le travail de recherche,il est important d’identifier l’objet de ce dernier.

Nous n’utiliserons en effet pas les mêmes approches selon l’objectif fixé. De plus, la méthode choisie aura une incidence sur la logistique autour de la recherche, et notamment la taille du panel utilisateur consulté.

On distingue deux approches de recherche : l’approche quantitative et l’approche qualitative.

Le quanti

L’approche quantitative répond à la question : “combien”. Elle permet en effet de déterminer la criticité d’un problème identifié, de comparer des solutions entre elles ou encore de benchmarker.

Elle s’appuie sur des chiffres, des statistiques et permettra d’évaluer la signifiance de ces dernières.

Elle prend différentes formes comme des sondages ou enquêtes en ligne, le recueil de métriques dans des outils tels qu’Analytics ou encore de l’A/B testing.

Le quali

L’approche qualitative quant à elle se concentrera sur “le quoi et le pourquoi”. Cette approche, basée principalement sur de l’observation de comportements et d’attitudes (croyances, pensées, etc), permettra de découvrir des problèmes, de comprendre le pourquoi d’une situation, et d’identifier comment résoudre ces problèmes le plus efficacement possible.

Focus groups, entretiens individuels, phases d’immersion et/ou d’observation, tests utilisateurs en one-to-one sont autant de formes que peut prendre la recherche qualitative.

Mais alors, combien d’utilisateurs dans notre panel ?

Cette question est récurrente aussi bien de la part des clients que des membres de l’équipe.

Combien d’utilisateurs permettront de former un panel pertinent pour la recherche envisagée ?

C’est l’approche choisie qui définira la taille de ce dernier : le quantitatif s’appuiera sur un panel important quand le qualitatif se suffira de 5 à 10 utilisateurs.

Pour le quantitatif, il n’est pas possible de poser un chiffre minimum car il ne sera pas le même selon le format choisi et le contexte du projet.

Pour le qualitatif, cette fourchette de 5 à 10 inquiète souvent. Pourtant elle est suffisamment efficace.

Jakob Nielsen et Tom Landauer ont conçu un modèle mathématique leur permettant d’affirmer qu’avec un panel de 5 utilisateurs seulement, nous étions capables d’identifier 85% des problématiques d’utilisabilité d’une interface. Le mot clé étant “utilisabilité”.

Un test utilisateur en l’occurrence n’a pas pour objectif de définir des comportements dans notre population cible, mais d’identifier des problèmes d’utilisabilité d’une itération d’un design pour ensuite les corriger, et les faire à nouveau tester par 5 nouveaux utilisateurs.

Que la problématique soit rencontrée par 1, 3 ou 5 des 5 utilisateurs ne signifie pas que la majorité de la population ciblée rencontrerait le même souci, mais là n’est pas la question posée. Le problème existe pour certains utilisateurs et doit ainsi être adressé.

De plus, procéder ainsi, en tests itératifs, sera moins coûteux que d’évaluer quantitativement pour chaque test la criticité de chaque problématique rencontrée !

Des approches isolées ou complémentaires

Une phase de recherche n’a pas nécessairement besoin d’être compliquée et coûteuse. Elle doit en revanche être choisie de façon pertinente par rapport au contexte du projet et aux questionnements posés.

Selon ces derniers, une approche qualitative sera peut-être plus appropriée qu’une approche quantitative, et inversement.

L’intérêt de ces approches est qu’elles peuvent également se compléter pour une compréhension plus large et globale de certains contextes.

Un test utilisateur d’interface peut être enrichi d’analyses de métriques recueillies sur une période donnée par un Analytics par exemple. Ou encore un sondage à grande échelle par des interviews plus intimistes et centrées sur du ressenti pour l’élaboration de personae.

Vous l’aurez compris, à chaque projet sa phase de recherche !

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